Féminin sacré

Le féminin sacré ou l'équilibre des pôles

Depuis des années, je travaille avec les femmes, et ma passion est telle que j’en ai fait ma spécialité.

Les femmes ont vraiment besoin aujourd’hui de soutien et d’énergie pour être autorisées à prendre la pleine conscience de leur puissance, leur valeur et leur pouvoir. 

Je ne suis pas féministe. Mon but est de trouver le chemin de la réconciliation, le chemin de l’harmonisation, de l’équilibre et l’équité homme-femme et non l’égalité !

Nous ne sommes pas égaux, et comme le dit si bien Jean-Marc Reiser « Les femmes qui veulent être les égales des hommes manquent sérieusement d’ambition. » 

Nous sommes complémentaires et cela fait de nous des êtres libres et imparfaits. Nous avons besoin de l’autre pour nous remettre en question, quelle que soit la relation.

C’ est pour tout cela que j’aime tant animer des groupes de femmes ! 

Dans les premières minutes, je vois tout le jeu du conditionnement mental qui est à l’œuvre, la comparaison, la jalousie, la compétition, l’évaluation et puis dans les premières heures, le masque social commence à tomber et une certaine forme de complicité arrive pour qu’enfin, en quelques jours, le soutien, l’écoute et la sororité s’installent… C’est la magie des femmes ensemble, la beauté de ce lien unique qui est tellement mis à l’épreuve dans cette société qui nous pousse à être dans nos énergies yang et qui sollicite l’individualisme et la dualité.

Je pense profondément et des études le prouvent, que nous sommes faits pour vivre ensemble, hommes et femmes.

Les femmes ont besoin les unes des autres pour s’épanouir, vivre leur féminité pleinement et prendre leur place.

Le transgénérationnel, la culture, les conditionnements ont fait beaucoup de mal au féminin. Les femmes ne savent plus ce que cela veut dire être une femme et où aller puiser leurs ressources et leur puissance. Nos mères ont été trop souvent élevées par des mères soumises aux hommes (nos grands-mères) qui “faisaient avec”, et qui, même si pour nombre d’entre elles, ont été de véritables héroïnes par leur résilience, leur résistance, et leur détermination à vivre malgré les conditions de vie des femmes à l’époque. Ce qu’elles ont transmis à nos mères c’est « ne fais pas comme moi et sois une battante qui ne dépendra pas des hommes » ou « fais comme moi parce que c’est comme ça qu’il faut faire ».

Par ailleurs,  la plupart des pères répondait aux critères de l’époque : autoritaires, inattentifs, parfois violents, fiers de leurs fils et désintéressés de leurs filles…

Nos mères ont donc vu leur mère se soumettre, accepter le diktat misogyne et patriarcal,et souvent sans avoir eu eu la reconnaissance de leur père.

Cela a donné naissance à une génération de femmes guerrières, indépendantes, en réaction, en colère. Elles nous ont apporté des choses géniales et des libertés incroyables, mais ont créé aussi la guerre entre les hommes et les femmes.

Il n’est pas question de juger qui que soit. Je me permets juste un constat très personnel de ce que je vois depuis des années dans mon travail de thérapeute, mais aussi en temps que femme née fin des années 70, fille d’une mère née à la fin de la guerre et moi-même, mère d’un petit garçon de 9 ans. Je pense que tout le monde a fait comme il a pu avec les croyances, et les conditionnements sociétaux.

Toutefois, le constat est que la transmission du féminin, de la féminité et de la subtilité de la sexualité « féminine » ont rarement été communiquées d’une façon satisfaisante à notre génération . C’est à 90 % pour cela que les femmes viennent participer à mes stages.

Aujourd’hui, nous constatons une féminisation générale.

Si vous observez les ados c’est assez flagrant. Il y a une vraie perte de repère (de re-pére) et cela crée un conflit palpable entre homme et femme. Les femmes ne veulent plus se soumettre .Les hommes ne savent plus la place qu’ils doivent occuper. Nous leur demandons d’être tout ce que n’ont pas été leur père, pour la plupart,  et c’est un vrai changement de paradigme pour eux comme pour nous. Les femmes sont en guerre et elle est d’une certaine façon nécessaire, naturelle et inévitable. 

Mais tout ce que j’espère c’est que ,comme tout changement de pôles, nous commençons par aller dans les extrêmes puis  enfin trouver un équilibre. Là où les hommes seront reconnus, aimés et soutenus pour leurs qualités d’hommes et là où les femmes auront leur pleine place et seront elles aussi reconnues aux mêmes titres que les hommes pour leurs qualités et leur puissance de femmes. 

Je pense donc que la sororité¹ (terme créé dans les années 70 par les féministes) prend tout son sens aujourd’hui et nous en avons terriblement besoin ! 

Nous avons besoin de créer des liens entre femmes.

Les mamans « solo » sont 2 millions en France . 85 % des familles monoparentales sont composées de mères seules. 5,7 millions de femmes vivent seules en France aujourd’hui (source Insee) et beaucoup d’entre elles sont assez isolées. Il est donc urgent de recréer du lien entre femmes. C’est pour cela que je travaille au quotidien et que j’ai créé l’association et les stages “Éveil de femme”.

La puissance du yin (pour les Chinois et les Tantrikas)  se trouve dans l’accueil. Le Yin représente l’absence de force dynamique, la lune, l’hiver, l’eau, l’obscurité, le froid, le bas, la terre, le féminin, la passivité, l’inertie, l’intérieur, la réception, le négatif, le centripète (qui tend à se rapprocher du centre) , le matériel, le mou.

Au contraire, le Yang représente la force exprimée, le soleil, l’été, le feu, la lumière, la chaleur, le ciel, le haut, le masculin, l’activité, l’extérieur, le centrifuge, le don, le positif, le virtuel, le dur. (Il n’y a aucun jugement de valeur ici, ce n’est ni bien ni mal juste des qualités différentes à chacun).  Il est donc clair que si nous nous fions aux Chinois (une médecine de 2500 ans), nous pouvons en conclure que la combativité, la performance, l’entrepreneuriat, la guerre et tout ce qui nous pousse à l’extérieur de nous, dans le dur, dans le virtuel, dans l’activité nous poussent vers notre polarité yang et donc masculine, ce que sollicite cette société à l’heure actuelle… 

 Les femmes doivent retrouver un équilibre intérieur entre leurs polarités yang et yin .

Pour accueillir le yang naturel des hommes et que l’harmonie revienne (tant au niveau sociétal, énergétique et sexuel),  il est primordial que les femmes tendent un peu plus vers leur polarité yin… Que les hommes apprennent ce qu’est le bon masculin qu’ils sont en train de désinvestir à force de trop critiquer le « mâle »(mal) ! Tout le masculin n’est pas à bannir, bien au contraire ! Le « mauvais » masculin est à éduquer d’urgence .

Nous sommes les initiatrices, dans la vie, comme dans la sexualité, et c’est à nous d’expliquer aux hommes (et à nos fils ) ce qu’est une femme et comment la traiter. Pour se faire, il est important que les femmes comprennent comment elles fonctionnent ,cette féminité puissance qu’elles sentent naturellement au fond d’elle-même, mais que la société a muselé, bafoué, abîmé, tué, brûlé, assommé, galvaudé, violé, abusé, maltraité, inhibé…

 C’est au contact des autres femmes que cette féminité peut retrouver de la confiance et émerger. 

Le groupe ,dans le travail sur la répartition du féminin sacré, est primordial. Nous avons besoin des autres femmes pour valider ce que nous sommes. Nous avons besoin de revenir à la base, et de nous déconditionner de toutes ces idées limitantes  transmises par des générations de patriarcat défaillant. Nous avons besoin des hommes pour nous permettre d’expérimenter et laisser fleurir dans sa toute-puissance et dans sa pleine beauté notre féminin sacré enfin retrouvé !

Alors je pense que la clé est la conscience et le travail sur soi pour déconstruire l’image des hommes et des femmes d’hier et pour inventer les êtres sexués et libres d’être d’aujourd’hui !

Je finirai par deux textes, un de Paule Salomon:” les hommes se transforment”

¹Sororité  En France, il a maintenant deux significations :Ce terme a d’abord été utilisé par les féministes dans les années 1970 afin de faire entrer dans le langage commun l’équivalent féminin de fraternité. Le terme anglais sisterhood avait déjà été fabriqué par les mouvements féministes américains en réaction au terme brotherhood (fraternité). Ce terme exprime alors l’expression de la solidarité entre femmes. La sororité désigne les liens entre les femmes qui se sentent des affinités, ont un vécu partagé dû à leur même condition féminine et au statut social qui y est alors lié. Les mouvements féministes ont également promu la diffusion de l’utilisation du terme d’« adelphité »n 1 qui désigne ce même sentiment de confiance, de complicité et de solidarité dans une relation entre homme(s) et femme(s). Dans le cas de frères et sœurs ou d’amis par exemple. (source wikipedia)

Les hommes se transforment

Les hommes transformés aiment les femmes réalisées et non pas infantilisées, ils n’ont pas peur d’elles, ils s’en nourrissent visiblement comme d’un nectar.

Il faut dire à quel point le rayonnement d’une femme et son parcours d’authenticité vers elle-même touchent un homme et l’inspirent.

Une autre face d’Eros, moins physique et plus spirituelle, se révèle.

Une femme entière, une femme reliée soulève un homme et lui permet de rejoindre en lui ce qu’on pourrait appeler le divin.

Tel est bien le rôle de la shakti orientale :

donner accès, révéler le délice de l’existence.

L’homme alors place le féminin volontairement au-dessus de lui-même pour qu’elle soit le canal de son inspiration.

Dans un mouvement d’intériorisation il permet à son propre visage féminin intérieur de guider son masculin et, dans sa vie, il fera bientôt passer les valeurs d’humanité avant les valeurs de consommation et d’accumulation.

Un va-et-vient entre l’extérieur et l’intérieur, entre la femme extérieure et la femme intérieure trace progressivement le sillon d’une nouvelle confiance en soi.

Plus les femmes avancent vers elles-mêmes, et plus les hommes les aiment.

Plus ils les regardent, et plus ils se laissent en quelque sorte pénétrer par elles.

Le processus s’inverse dans le domaine psychique. C’est le féminin de l’existence qui féconde les hommes et les transforme.

La belle histoire, la plus belle histoire du monde se joue dans ces fécondations réciproques.

Rien n’importe plus à un homme que de se laisser toucher de l’intérieur, de sentir son âme palpiter.

La poésie des femmes, dans leurs gestes, leurs raffinements, leur comportement, leur écriture, redonne à l’homme le sens de l’origine et de la vie.

Paule Salomon